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Egalité: encourager la diversité et l’appartenance

    Le salaire et le taux d’occupation des employé-e-s, la carrière qu’ils choisissent, la manière dont les couples se répartissent les tâches ménagères ou la garde des enfants ne devraient dépendre ni du sexe, ni de l’âge, ni d’autres caractéristiques sans rapport avec le sujet. Une société ouverte et diversifiée inclut tout le monde – les hommes et les femmes, les jeunes et les moins jeunes, les employeurs et les employé-e-s, les autorités et les organisations privées – et combat toute forme de préjugés et de discrimination.

    La Constitution consacre le principe de l’égalité dans la famille, au travail et dans la formation. Elle garantit aussi que les femmes et les hommes ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale. C’est ce que prescrit la loi. Dans la pratique, l’égalité ne s’est pas encore réellement imposée dans toutes les entreprises et tous les domaines de la société. 

    Egalité: que dit le baromètre?

    Bien que de nombreuses entreprises aspirent à la diversité, à l’égalité et à l’inclusion sur le lieu de travail, les choses n’avancent que lentement. Après la publication par la Conférence suisse des délégué-e-s à l'égalité (CSDE) de son premier Baromètre de l'égalité en 2018 et de son deuxième en 2021, dans lesquels l’accent était mis sur l'égalité salariale, l'activité lucrative, le travail de care non rémunéré ainsi que l’impact de la pandémie de Coronavirus sur l’égalité, le troisième Baromètre de l'égalité de 2024 se focalise sur les générations et des sexes. Et ce, afin de mieux comprendre le point de vue de la génération Z. Le troisième Baromètre de l'égalité montre que les femmes, et dans une moindre mesure les hommes, subissent toujours des discriminations dans différentes situations de vie. La majorité des personnes interrogées estime que l’égalité n’est pas encore atteinte dans les domaines suivants: égalité salariale, conciliation entre vie privée et vie professionnelle, possibilités de carrière et répartition des tâches domestiques. Les résultats montrent aussi qu'un fossé se creuse: les femmes jugent beaucoup plus négativement le niveau de l’égalité en Suisse en 2024 que les hommes. Cette différence se retrouve toutes générations confondues (cf. Baromètre national de l'égalité 2024).

    Égalité et transparence

    L'égalité salariale est inscrite dans la Constitution depuis 1981. Or, à ce jour, les différences sont encore flagrantes. Dans le secteur privé, les femmes actives gagnent toujours 19,5% de moins que les hommes, tandis que dans le secteur public, les différences de salaire s'élèvent en moyenne à 15,1%. A fonction et expérience égales, les employeurs devraient pourtant verser le même salaire global. En tant qu'association d'employé-e-s, la Société suisse des employés de commerce encourage et exige l'égalité salariale entre tous les sexes. La Société suisse des employés de commerce, en tant que centre de compétences pour la formation et le travail, s'engage ainsi pour une meilleure égalité des chances et des salaires de toutes les personnes dans la vie professionnelle. Il faut des systèmes salariaux équitables, non discriminatoires et transparents. Dans son rôle de partenaire social, la Société prend des mesures pour imposer l'égalité salariale entre les sexes (p. ex. par des contrôles périodiques).

    Obligation d'effectuer une analyse de l'égalité salariale

    Depuis une révision de la loi sur l'égalité (Art. 13 LEg), les employeurs qui occupent un effectif d’au moins 100 employé-e-s sont tenus, depuis le 1.7.2020, d'effectuer à l’interne une analyse de l’égalité des salaires. De manière générale, la Société suisse des employés de commerce est favorable à l'obligation pour les entreprises d'effectuer des analyses de salaires. Elle conduit à une plus grande transparence des systèmes de rémunération et permet une sensibilisation à d'autres aspects liés à l'égalité au sein des entreprises. En outre, les entreprises devraient se concentrer davantage sur l'analyse des systèmes salariaux afin d'exclure toute inégalité salariale systémique. De cette façon, toute discrimination salariale peut être évitée dès le début.

    Les femmes jugent beaucoup plus négativement le niveau de l’égalité en Suisse en 2024 que les hommes. Cette différence se retrouve toutes générations confondues.

    Du «Gender Pay Gap» au «Gender Pension Gap»

    Les inégalités structurelles du marché du travail se répercutent directement sur les retraites. Le modèle des trois piliers de la prévoyance vieillesse suisse repose sur le revenu professionnel. Dans un tel modèle, les pertes de revenus, qu’elles soient dues à des interruptions de l’activité professionnelle ou à une réduction du taux d’occupation, pèsent beaucoup plus lourd. Et les femmes sont particulièrement touchées. Car les salaires des femmes sont en moyenne inférieurs de 15,1% (secteur public) et de 19,5% (secteur privé) à ceux de leurs collègues masculins. Cela a également un impact sur les rentes. Seulement 28% des femmes touchent une rente du troisième pilier cinq ans après leur départ à la retraite. Chez les hommes, ce chiffre s’élève à 42%. La rente moyenne issue du deuxième pilier est inférieure d’environ 46% chez les femmes. Il n’y a qu’au niveau des rentes AVS que les femmes sont légèrement avantagées en raison de leur espérance de vie plus élevée.

    Le travail de care: un sujet féminin?

    Le travail domestique, de soins et d’assistance est majoritairement effectué par des femmes – et ce, sans rémunération. Les mères ayant un enfant de moins de 15 ans consacrent presque deux fois plus de temps aux tâches ménagères que les pères (30 heures contre 19 heures par semaine). Il y a également beaucoup à faire en matière de congé parental, de travail à temps partiel et de garde d’enfants. Aujourd’hui, 25% de la population pense encore que la femme doit rester à la maison durant les cinq premières années de la vie d’un enfant. Il y a trente ans, on était à 70%, il y a donc une amélioration. Mais il est encore actuellement plus compliqué pour une femme en âge d’avoir des enfants de se perfectionner pour continuer à évoluer professionnellement que pour un homme.

    Le désir de promouvoir l’égalité se heurte encore aujourd’hui à des modèles de rôles dépassés et à des «stéréotypes inconscients» qu’il convient d’éliminer de toute urgence. Des initiatives telles que #geschlechtergerechter en sont un exemple.

    Congé parental

    En 2020, la Suisse a dit «oui» au congé de paternité de deux semaines. Cette approbation du congé de paternité de deux semaines montre que la population aspire à une politique familiale moderne. Cela implique, au cours d’une prochaine étape, l’introduction d’un congé parental. Des organisations pour les enfants et les familles, des associations économiques, des associations d’employé-e-s et professionnelles, des syndicats et représentant-e-s de différents partis politiques ainsi que les commissions extraparlementaires pour les questions féminines et familiales CFQF et COFF conjuguent désormais leurs efforts pour permettre au congé parental de s’imposer en Suisse.

    En effet, dans une société moderne, la responsabilité de la garde des enfants incombe aux deux parents. Ainsi, un congé parental rémunéré a de nombreux effets positifs non seulement pour les individus, mais aussi pour la société: il favorise par exemple la santé psychique et physique de l’enfant et de la mère et aide les familles à traverser la phase délicate qui suit une naissance. Les risques professionnels liés à la parentalité sont également partagés et réduits. En outre, un congé parental favorise l’intégration à moyen et long terme des mères sur le marché du travail et stimule la productivité économique du travail au niveau national. 

    Une meilleure conciliation grâce au travail à temps partiel et au job sharing 

    Il doit être possible aux hommes comme aux femmes de concilier vie professionnelle et privée. Le travail à temps partiel, les modèles flexibles comme le job sharing ainsi que l’introduction d’un congé parental sont des exemples de ce qui nous rapproche de cet objectif (cf. Avantages et inconvénients des modèles de travail flexibles). Le job sharing, tout particulièrement, permet l’exercice d’une fonction propre à un poste à plein temps tout en travaillant à temps partiel. Une meilleure conciliation entre vie professionnelle et privée profite également aux entreprises.

    Si les hommes travaillent davantage à temps partiel, les femmes pourront plus facilement augmenter leur taux d'activité. Cela contribue également à lutter contre la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Un exemple: un homme travaillait jusqu'à présent à 100%, tandis que sa femme s'occupait des enfants à plein temps. S'il réduit son temps de travail à 80% et qu'elle travaille à 60%, cela représente alors 140% de taux d'occupation au lieu des 100% précédents. Dans ce domaine, l'économie peut faire preuve de plus d'audace et de créativité. 

    Potentiel de main-d'œuvre qualifiée 

    L’imposition individuelle permet elle aussi de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. L’étude Ecoplan «Auswirkungen einer Individualbesteuerung: Vergleich verschiedener Steuersysteme der Schweiz» (Conséquences d’une imposition individuelle: comparaison de différents systèmes fiscaux en Suisse) propose un autre régime d’imposition individuelle. Les familles avec des enfants bénéficieraient de déductions supplémentaires. L’étude estime que l’imposition individuelle permettrait de créer 60 000 emplois à temps plein (ETP) supplémentaires. Près de 80% de ces emplois seraient occupés par des femmes âgées de 25 à 55 ans – un tiers d’entre elles titulaires d’un diplôme d’études supérieures. Il s’agit là d’un potentiel de main-d’œuvre qualifiée féminine dont nous avons besoin de toute urgence.

    La gestion de la diversité en entreprise

    L’égalité des chances doit donc absolument être encouragée – dans la formation initiale et continue, dans les opportunités de carrière, en matière de salaire et au niveau des modèles de temps de travail. Car la diversité est source de créativité. Mais elle repose aussi sur une gestion intelligente de la diversité, afin de favoriser l’inclusion et la culture d’appartenance.
    Depuis 2017, le Boston Consulting Group et l'Université technique de Munich publient chaque année leur étude sur la diversité des genres. Celle-ci montre que la diversité des genres dans les entreprises est un élément qui stimule l'innovation, l'orientation client et améliore les indicateurs financiers.

    Les entreprises dont la direction est composée de manière équilibrée d'hommes et de femmes sont également plus performantes sur le plan économique et plus attrayantes en tant qu'employeurs. Comme le confirment des études menées par de grands cabinets de conseil économique, une proportion plus élevée de femmes dans la direction n'a pas seulement un effet positif sur la croissance et le succès commercial de l'entreprise. Grâce à leurs compétences, à leur vision spécifique et à leur style personnel, les femmes enrichissent également la culture et le travail au sein de l'entreprise. 

    Diversité des âges

    Mais la diversité n’est pas qu’une question de genre. La nationalité, l’ethnie, la religion, l’orientation sexuelle, le handicap et bien d’autres caractéristiques contribuent tout autant à la diversité – l’âge en constituant l’une des principales dimensions. Comme le montrent des études sur le vieillissement démographique et la politique de l’emploi, il existe un besoin urgent d’action à l’égard des employé-e-s âgé-e-s en Suisse. Outre la réforme des assurances sociales, les employeurs et les employé-e-s devraient veiller à ce que les travailleuses et travailleurs soient préparé-e-s à l’avenir tout au long de leur carrière professionnelle jusqu’au départ à la retraite et à ce qu’ils et elles puissent organiser celui-ci à leur guise. Or, la diversité et la gestion des âges sont souvent négligées.

    Génération 45plus  

    La vie professionnelle à partir de 45 ans s’avère compliquée pour bon nombre d'employé-e-s – surtout à l’ère de la numérisation et de l’évolution rapide du monde du travail. Les jeunes employé-e-s doté-e-s d’une formation moderne représentent une concurrence croissante. L’apprentissage tout au long de la vie, la formation continue et les plans de carrière deviennent la norme. Mais que font les entreprises pour tenir compte des besoins des professionnel-le-s expérimenté-e-s? Dans quelle mesure les bilans de compétences et les plans de carrière sont-ils établis? Quelles sont les attentes des employé-e-s? Fin 2019, la plateforme, l’alliance politique des associations professionnelles et d’employés indépendantes, a mené une enquête auprès de ses membres, qui a révélé à quel point il est important que les employeurs et les employés soient sensibilisés à ces sujets. Parce que le monde du travail évolue rapidement. Et parce que notamment le personnel qualifié âgé risque de rester sur le carreau. Et enfin, parce que seule une réflexion continue sur sa propre carrière ainsi que la formation continue permettent de préserver son employabilité.

    «Mettre en pratrique la gestion des âges aujourd'hui, c’est garantir l'égalité des chances et le transfert de connaissances au sein de l'entreprise et permettre aux employé-e-s âgé-e-s de rester plus longtemps dans la vie active à l’avenir.»
    Ursula Häfliger, Directrice de la plateforme et responsable politique de la Société suisse des employés de commerce

    Une gestion intelligente des âges 

    La plateforme recommande aux entreprises, petites, moyennes ou grandes, de mettre en place une gestion des âges en entreprise. Cela peut se faire de manière tout à fait économique et être adapté aux besoins et à la taille de l’entreprise. Les entreprises pourraient ainsi aider leurs collaborateurs et collaboratrices à préserver leur employabilité. La plateforme a élaboré à cet effet le guide «Gestion intelligente des âges pour l’entreprise 2.0». Il explique les opportunités et les avantages d’une gestion des âges parfaitement adaptée, notamment en ce qui concerne l’égalité des chances et le transfert de connaissances au sein de l’entreprise. Il s’adresse aux entreprises de différentes tailles, mais aussi et surtout aux PME.

    Des recommandations utiles pour la planification et la mise en œuvre de la dernière étape de la carrière ont également été élaborées pour les employés plus âgés. En tant que partenaire social, nous nous mobilisons en faveur de mesures correspondantes dans les conventions collectives de travail (CCT).

    Inclusion sur le lieu de travail – un changement de paradigme

    Pour parvenir à davantage de diversité et d’égalité dans le monde du travail, l’inclusion professionnelle doit également être encouragée. Cela signifie que les entreprises doivent offrir aux personnes handicapées les mêmes chances qu’aux autres personnes à la recherche d’un emploi, afin qu’elles puissent participer à la vie professionnelle sur un pied d’égalité. Pour y arriver, il faut encore faire tomber de nombreuses barrières et éliminer les inégalités. Le Bureau fédéral de l’égalité pour les personnes handicapées a publié à cet effet la liste de contrôle Inclusion, qui explique comment les organisations peuvent éliminer les barrières et encourager un environnement de travail inclusif.

    L’inclusion requiert aussi un changement de mentalité au sein de la société. L’être humain est au centre – dans toute son individualité et avec toutes ses capacités et limitations. Qu’elles soient visibles ou invisibles. Qu’elles soient de nature physique, psychique ou mentale.

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