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La prise en considération des enjeux liés à la santé sur le lieu de travail s'est accrue. Il est essentiel, notamment dans le contexte des nouveaux modes de travail, de disposer à la fois de modèles et de références. Que peuvent donc faire les employeurs-euses et employé-e-s pour favoriser la santé psychique et physique?

Aujourd'hui, les personnes exerçant des professions intellectuelles travaillent de manière plus flexible et passent plus de temps en home office que ce n'était le cas avant la pandémie – merci la numérisation. Le New Work et le travail à distance (Remote Work) apportent de nombreux avantages dont la plupart des employé-e-s ne pourrait plus se passer.

Si la numérisation et le travail mobile qu’elle facilite offrent des opportunités intéressantes en matière de santé, les risques qui en découlent ne sont pas à négliger: le numérique accélère les changements dans notre monde du travail. Cette évolution exige de la part des employé-e-s beaucoup de flexibilité et une grande capacité d'adaptation. Or, les jeunes, fraichement arrivés dans le monde du travail, disposent de moins de ressources que les employé-e-s expérimenté-e-s pour faire face aux pressions qui en résultent. C'est ce que montrent des enquêtes telles que le Job Stress Index et le sondage mené par la Société suisse des employés de commerce auprès des jeunes diplômés de la formation commerciale. Les absences dues à des contraintes psychiques ainsi que le taux d'invalidité augmentent.

Noémi Swoboda, responsable Gestion et Développement auprès de la fondation Promotion Santé Suisse donne des conseils pratiques aux entreprises et aux employé-e-s pour mieux gérer la santé au travail.

Un accompagnement rapproché des apprenti-e-s est décisif

Comment puis-je m'organiser? Comment réagir à une situation de stress ou gérer les conflits? Quelle recette pour rester en bonne santé? «Pour répondre à ces questions, les jeunes doivent pouvoir s'inspirer de modèles dans leur travail quotidien», explique Noémi Swoboda. Et il leur fait du temps afin de développer ces compétences. «Les apprenti-e-s doivent être étroitement guidé-e-s et accompagné-e-s, en particulier pour ce qui concerne l'organisation et l'autogestion: échanger sur le déroulement de la journée, se mettre d'accord sur les points de contrôle, proposer des informations et du soutien», poursuit-elle. Elle ajoute à cet égard qu'un bon équilibre entre les activités en présentiel et les échanges à distance est indispensable pour le développement et la construction de l'identité des jeunes au travail, surtout dans le contexte de home office et de travail à distance.

Le développement des compétences d'avenir (Future Skills) interdisciplinaires et interprofessionnelles est essentiel non seulement pour les jeunes, mais aussi pour les professionnel-le-s de tout âge. Le but n'est pas seulement de rester en bonne santé, mais aussi de maintenir et renforcer sa propre employabilité. En effet, nous devons toutes et tous faire preuve de résilience et de stratégies efficaces pour répondre au stress, au changement et à l'incertitude.

Ne pas confondre bien-être et wellness

La santé sur le lieu de travail implique que les entreprises créent des conditions qui préservent et favorisent la santé des collaboratrices et collaborateurs, qui doivent alors pouvoir adopter un comportement sain. Ainsi, pour offrir un tel cadre, il faut non seulement disposer d'une infrastructure adaptée et d'une charge de travail raisonnable, mais aussi veiller à proposer des repas sains et une culture d'entreprise valorisante. «Il ne s'agit pas de proposer des offres de wellness comme prestations supplémentaires – mais d'offrir aux employé-e-s un environnement dans lequel il est possible de se maintenir en bonne santé», poursuit Noémi Swoboda.

En contrepartie, les employé-e-s doivent assumer leur propre responsabilité. «Même les meilleures mesures de promotion de la santé au travail resteront sans effet si elles ne sont pas effectivement utilisées et si les gens ne prennent pas soin de leur santé», souligne Noémi Swoboda.

Augmentation de la sensibilisation aux maladies psychiques

Les études de Promotion Santé Suisse montrent que les grandes entreprises et les PME sont aujourd'hui mieux sensibilisées aux maladies psychiques qu'il y a quelques années. Les employé-e-s sont également de plus en plus conscient-e-s des thématiques de santé. Les nouvelles générations, en particulier, sont plus sensibles aux problématiques liées à la santé mentale. Au sein des entreprises, les cadres jouent un rôle déterminant dans la détection précoce des problèmes psychiques. «Cela implique d'aborder ces sujets – or cela ne peut se faire que s'il existe une relation de confiance dans laquelle les collaboratrices et collaborateurs peuvent se confier», souligne Noémi Swoboda.

Sécurité psychologique à l'ère du New Work

Pour être écouté-e-s, les employé-e-s doivent s'exprimer et communiquer. Concrètement, cela consiste à parler de ses sentiments et de ses sensibilités afin que l'équipe et le ou la responsable puissent mieux les comprendre. «Si l'on se sent en sécurité sur le plan psychologique et que la culture d'entreprise est favorable, il est possible de dire si l'on est trop ou pas assez stimulé et de chercher du soutien», explique Noémi Swoboda. Pour y parvenir, la structure de l'équipe doit être propice, notamment dans les organisations agiles, dans lesquelles le travail à distance est fréquent. Il faut également définir comment, quand et par quels canaux communiquer. Une charte d'équipe, dans laquelle sont consignés les valeurs et les principes d'organisation, peut par exemple constituer une aide. Pour Noémi Swoboda, «les entreprises doivent se pencher sur la question: comment souhaitons-nous structurer les relations sociales sur le lieu de travail lorsque les équipes travaillent de manière plus flexible et plus autonome en termes de lieu et de temps de travail?»

Car en réalité, lorsque les relations sociales viennent à manquer, c'est la santé psychique qui en pâtit – et cela, au détriment des deux parties. La santé est une thématique qui préoccupera encore les entreprises au cours des années à venir. Investir dans ce domaine vaut donc la peine: des collaboratrices et collaborateurs en bonne santé sont une condition essentielle de la réussite d'une entreprise.

«Il ne s'agit pas de proposer des offres de wellness comme prestations supplémentaires – mais d'offrir aux employé-e-s un environnement dans lequel il est possible de se maintenir en bonne santé»
Noémi Swoboda, responsable Gestion et Développement GSE auprès de la fondation Promotion Santé Suisse

Conseils pratiques pour les entreprises

  1. Les collaboratrices et collaborateurs sont la ressource la plus précieuse de l'entreprise. De ce fait, il vaut la peine de créer, au-delà des exigences légales, des conditions de travail optimales dans lesquelles les employé-e-s peuvent s'épanouir et rester motivé-e-s, en restant en bonne santé et performant-e-s.

  2. Quels sont les problèmes auxquels sont confrontés mes collaboratrices et collaborateurs? Comment améliorer les conditions générales au sein de l'entreprise? Qu'il s'agisse d'une PME de cinq personnes ou d'un grand groupe de 10 000 employé-e-s, il faut recueillir les informations sur ces thématiques, les analyser et en déduire des mesures de promotion de la santé en entreprise.

  3. Dans un contexte de travail agile, de home office et de travail à distance, des structures bien définies sont indispensables pour favoriser les échanges professionnels et personnels. Il est nécessaire que des personnes au sein de l'entreprise accompagnent et guident les employé-e-s, recherchent le dialogue, identifient les problèmes et contribuent à leur résolution.

Conseils pratiques pour les employé-e-s

  1. Chaque employé-e est responsable de sa propre santé. Cela implique de faire de l'exercice, d'avoir une alimentation équilibrée et de dormir suffisamment. Mais il faut aussi se poser des questions et se projeter: comment puis-je contribuer à rester en bonne santé psychique et physique dans le monde du travail actuel? Si des difficultés surgissent, comment les aborder et les traiter?

  2. Si l'employeur propose des informations et des cours sur la promotion de la santé, les employé-e-s devraient saisir cette opportunité. Lorsque le temps manque, il faut chercher le dialogue avec le ou la supérieur-e hiérarchique. En effet, les deux parties ont intérêt à ce que les investissements dans la santé soient utilisés et portent leurs fruits.

  3. Le monde du travail évolue et il en ira de même à l'avenir. Pour y faire face et développer sa propre résilience, il faut rester ouvert-e au changement. On peut apprendre à saisir les changements comme une chance, à les accompagner, à en retenir les aspects positifs et à les considérer comme des moteurs pour son propre développement.

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